dimanche 22 août 2010

Aquaculture : une solution à la surpèche ?

Une des priorités affichées au Sénégal pour réagir face au problème de la préservation des ressources halieutiques est le développement de l'aquaculture : puisque les poissons sauvages ne sont plus en assez grand nombre pour combler les besoins en protéines alimentaires, mettons en place des fermes aquacoles pour produire du poisson d'élevage.

Est-ce que l'aquaculture cela marche ? Oui globalement puisqu'en 2010, l'aquaculture mondiale va produire plus de poissons que la pêche en mer ne le fera. Déjà la moitié des poissons et des fruits de mer consommés dans le monde provient de l'aquaculture. Selon la FAO, le secteur aquacole a vu sa production mondiale passer de 2 à 51 millions de tonnes en 50 ans.

Cependant l'aquaculture n'est pas si positive pour la préservation des ressources halieutiques si, pour nourrir les poissons des fermes, on utilise des poissons pêchés en mer... Ce qui est encore très souvent le cas : à peu près un tiers des poissons pêchés dans le monde sont transformés en nourriture destinée aux poissons d’élevage.

Des expériences existent cependant, par exemple en Norvège ou Irlande avec l'élevage de saumons, où l'on a réussi à faire manger à ces poissons carnivores de la nourriture "végétarienne". Mais ce sont encore des exceptions et pour beaucoup des saumons d'élevage, il faut 5 kg de poisson pour que le saumon prenne 1 kg.

Aussi, l'élevage de poissons produit une quantité énorme de déchets de façon concentrée. L'ensemble des fermes d'élevage de saumons en Ecosse rejette ainsi par jour autant de déjection que les 600 000 habitants d'Edimbourg.

Enfin, de nombreuses fermes à poissons et à crevettes se sont créées au détriment de la mangrove, aux Philippines et à Madagascar par exemple, ce qui au final n'est pas une bonne chose pour l'environnement. Des rapports des Nations Unies ont démontré que la mangrove initiale apportait plus de valeur aux populations globalement (dessalement de l'eau pour la culture du riz, poisson, huitres, bois, protection contre les raz de marée, etc.) que la ferme qui l'a remplacée.

Donc l'aquaculture peut être un remède ponctuel à la sur-pêche, mais ce n'est pas un remède miracle. D'ailleurs un article du Monde.fr "Que mangent les poissons qu'on mange" se conclut par ces mots :

...les acteurs de la filière aquacole, presque tous des pionniers de cette jeune discipline, entament invariablement la même complainte : "Quand on pense qu'il y a trente ans on se disait qu'on allait nourrir et sauver la planète… Les choses avaient l'air plus faciles à l'époque." Sur la toute petite planète Terre, désormais, plus rien de ce qui touche à l'alimentation ne sera simple.