vendredi 30 septembre 2005

La lettre de l’Océanium N° 5 : l’eau, source de vie

Initialement, cette lettre aurait dû paraître plus tôt. Mais suite aux congés des uns et des autres, ce n’est qu’aujourd’hui que vous la lisez. Entre temps, il y a bien sûr eu les inondations au Sénégal. Nous souhaitons malgré tout la publier intégralement afin de montrer que nous avions dénoncer, bien avant ces pluies diluviennes, les manquements concernant l’évacuation des eaux et que nous n’étions pas à l’abri d’une catastrophe. Nous avons simplement ajouté un paragraphe à la fin de cette lettre relatif aux événements. Et bien évidemment, nous voulons avant toute chose exprimer notre solidarité envers toutes les personnes sinistrées et nous souhaitons qu’elles retrouvent très vite des conditions de vie normales.

Enfin, elles sont arrivées, les pluies que nous attendions tous avec impatience. Cette eau est source de vie. Elle permet à la végétation de reprendre ses droits : le Sénégal retrouve ainsi sa belle parure multicolore. Les agriculteurs chantent ces louanges afin que les récoltes soient importantes. Les éleveurs attendent aussi avec excitation ces pluies bienfaitrices car ils pourront de nouveau abreuver leurs maigres troupeaux autour des puits asséchés après une longue et pénible saison sèche. L’eau est donc symbole d’espoir de jours meilleurs pour beaucoup d’entre nous.

Pourtant, au Sénégal, l’eau est malheureusement aussi associer à la mort car nous sommes incapable de la canaliser. En effet, même si ce cycle naturel - l’hivernageHivernageSaison des pluies, qui s'étend environ de juillet à octobre. - se reproduit chaque année, rien - ou si peu - n’est fait pour éviter les inondations et ses conséquences. Nous sommes impuissants dès que les premiers orages grondent : Dakar se transforme inexorablement en un bourbier où la circulation, déjà bien difficile en temps normal, devient un calvaire. Mais surtout cette eau n’est pas évacuée. Ainsi dans les quartiers populaires, cette stagnation entraîne rapidement avec la chaleur, le dégagement d’odeurs pestilentielles et bien sûr la prolifération de maladies dont le choléra ou le paludisme. Pour couronner le tout, les rares canaux de drainage de pluie sont pour la plupart peu ou mal entretenus et sont à l’air libre. Ils servent ainsi surtout de lieux de dépotoirs faute d’installation de poubelles. Ces zones seront ainsi des endroits privilégiés pour l’essaimage des moustiques, mouches et autres animaux porteurs des germes de pandémies.

Il est inconcevable que notre pays ne puisse trouver les moyens financiers pour réaliser un véritable réseau d’assainissement digne d’une mégapole comme Dakar alors que dans le même temps, nous nous apprêtons à mettre en chantier la construction pharaonique du monument de la ’Renaissance Africaine’ d’une hauteur de 50 m qui culminera sur les hauteurs de la colline de Ouakam. Mais qu’elle est l’utilité de réaliser un tel chef œuvre architectural dédié au ’retour de l’Afrique sur la grande scène des projets avant-gardistes. Le continent noir, nourri à la mamelle de l’histoire et de ses brillantes civilisations, apporte au banquet de l’histoire son viatique de paix et son génie réhabilité’ (sic), si dans le même temps, la plus petite goutte d’eau sème le désastre, le désarroi et la mort parmi les populations ? Certes, mettre en conformité un réseau d’assainissement est peu honorifique. Mais la véritable grandeur d’un Homme politique ne réside t’elle pas finalement sur les bienfaits qu’il aura apporté à son peuple et non sur le nombre de grandes monuments qu’il aura fait érigé mais en parfaite inadéquation avec les besoins immédiat de la Nation ?

Il est temps de réfléchir à une autre politique sociale et d’aménagement du territoire et d’utiliser l’argent des bailleurs de fond à de réels projets qui permettront l’amélioration de la qualité de vie.

Dans l’espoir que ce précieux liquide apporte encore cette année tout la générosité que nous attendons de lui mais sert de détonateur pour une remise en question des grands chantiers prioritaires que le Sénégal doit engager sans plus tarder si nous voulons que notre pays sorte enfin la tête… de l’eau !!!!

Malencontreusement, les pluies diluviennes de ces mois d’août et Septembre confirment notre analyse. Certes, l’avertissement n’a provoquée que des dégâts matériels mais il n’en ne sera certainement pas toujours ainsi. Le Président de la République et le gouvernement semblent l’avoir compris. Cependant, il ne faut pas accuser Dame Nature pour se donner une bonne conscience face à notre incurie. En effet, il y a catastrophe uniquement de notre fait : non respect des normes d’occupation des sols, constructions empiriques sans étude des règles de construction, pas de drainages des eaux, pas d’entretien des canaux, ...N’oublions pas non plus que le Sénégal ne se résume pas à la ville de Dakar et que de nombreuses régions ont aussi subiT les caprices du temps. Pourtant, bien souvent les efforts et les aides se sont concentrés pour la plupart dans la métropole laissant pour compte les populations des régions reculées, ce qui n’est pas tolérable.