jeudi 20 juillet 2006

La lettre de l’Océanium n°15 : non aux NTIC !

Je ne parle pas des Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications chères au Président Wade afin de propulser notre pays dans le XXIe siècle, et pour lequel il vient de recevoir un prix international mais des Nuits Totalement Incompréhensibles et Capricieuses imposés par la Sénélec !!!

Au-delà de ce jeu de mots, ces délestages permanents sont entrain lentement mais sûrement de plonger notre pays dans une grave crise économique et certainement aussi de santé publique. Beaucoup de petites sociétés n’ayant pas les moyens de s’équiper d’un groupe électrogène ne peuvent plus assurer pleinement leurs prestations. Pourtant à chaque fin de mois, elles devront payer leurs employés, leurs factures dont celle bien évidemment de la Sénélec devenue tristement célèbre !!! Sans compter, les frais supplémentaires à cause du remplacement des appareils sensibles aux coupures improvisées. Problème, tout aussi grave, mais rarement mis en avant dans la presse, celui de la santé publique. A cause de ces perturbations, la chaîne du froid n’est plus respectée dans les réfrigérateurs et les congélateurs. Ainsi, il peut avoir facilement prolifération dans la nourriture de bactéries dont la salmonellose et la listériose qui sont mortelles dans certains cas pour l’homme. Je ne suis pas devin mais avec l’arrivée des grosses chaleurs, il est évident que ce risque va s’accroître. Faut il donc attendre des décès pour que les pouvoirs publics daignent réagir enfin ???

Bien sûr, à grand coup de campagnes publicitaires et de communiqués de presse, la direction a tenté d’expliquer les causes de cette pénurie. Mais ces éclaircissements (c’est le cas de le dire !!!) ne doivent pas disculper les dirigeants de leurs erreurs de jugement. N’est il pas de leurs responsabilités de prévoir ces dysfonctionnements et d’investir en conséquence ? Peut on imaginer un seul instant les pays industrialisés privés d’électricité parce que leurs grandes compagnies énergétiques n’auraient pas programmé le remplacement de leurs centrales vieillissantes ? Non, bien sûr, alors pourquoi, l’accepter chez nous ??? Il est trop facile de s’en remettre toujours à la volonté divine ou de se retrancher systématiquement derrière le manque de moyens financier alors que notre pays annonce qu’il s’apprête à mettre en chantier la construction d’un nouvel aéroport internationale dont le coût est estimé à environ 200 milliards de francs cfa (source APIX) !!! Oui, oui, vous avez bien lu. Pour quelle utilité ? Car croyez vous que les entreprises étrangères investiront ou s’installeront sur notre sol si la fourniture du moindre kilowatt dépend du bon vouloir d’un technicien ? Pour la même raison, pensez vous que les tour-opérateurs continueront à mettre notre pays dans leur catalogue ??? La réponse est non, à ne pas douter… Ainsi l’aéroport sera sous exploité…et la presse aura beau jeu de crier au scandale !!

Il faut que nos responsables politiques sortent enfin de leur tour d’ivoire et qu’ils comprennent que notre pays régresse à l’âge de pierre !!! Je leurs suggère vivement de visiter Dakar, non pas en grosse voiture 4 X 4 climatisée avec tout le confort et dotée de vitres fumées pour ne pas voir la misère, mais à pied afin de se faire une réalité sur les réelles préoccupations du peuple !!!. Je conseille aussi à Monsieur le Directeur de la Sénélec d’essayer de vivre dans une simple maison de quartier. Il serait certainement stupéfait de constater qu’il doit boire de l’eau chaude, manger le soir ses mets favoris d’une fraîcheur douteuse à la lueur blafarde d’une bougie et d’étouffer de chaleur… Je suis sûr qu’il retournerait en courant, pardon avec sa voiture rutilante, dans sa villa huppée pourvue de tout le confort électrique !!

Il est temps d’inverser la tendance et de redéfinir les projets à mettre en œuvre sans délais. Ne faut il pas par exemple promouvoir les énergies d’appoint que sont les énergies solaire et éolienne ? Ne faut il pas doter Dakar d’un véritable réseau d’assainissement des eaux usées et d’avoir un service de nettoiement de la voirie digne de ce nom ? Car malgré les belles promesses de l’année dernière à la suite de l’épidémie de choléra, rien ou presque n’a été fait et bien au contraire la qualité de vie empire un peu plus chaque jour. La capitale est devenu un véritable cloaque permanent à ciel ouvert… Ne faut il pas mettre fin à tous les véhicules polluants ? Voilà, quelques uns des vrais défis d’aujourd’hui afin d’assurer l’avenir de notre pays. Et c’est seulement une fois qu’ils auront été relevés que nous pourrons alors envisager de construire un aéroport flambant neuf et remplacer les NTIC de la Sénélec par celles du Président Wade !!!