mercredi 5 juillet 2006

Pratiques de pêche destructrices

Les mauvaises techniques de pêche provoquent une perte inestimable de la ressource halieutique à cause de la prise de nombreux juvéniles et alevins non commercialisables. Cela est d'autant plus scandaleux que ces poissons de trop petite taille ne peuvent être vendus. Ils sont donc rejetés directement en mer. Sur les plages, le spectacle est désolant et les poissons morts dégagent des odeurs pestitentielles faisant fuir les touristes, pourtant source de revenue.

L'Oceanium distingue plusieurs problèmes :
  • Les filets dérivants,
  • Les filets à maillage trop étroit,
  • Le braconnage avec :
    • La pêche à la dynamique,
    • La pêche en bouteille,
    • La pêche dans les zones interdites.

Les filets dérivants

Les pêcheurs artisanaux sénégalais utilisent couramment des filets de type mono-filament en nylon à bord de leur pirogue (interdit par l’article 30, décret N° 98-498 du 10 juin 1998 loi N°98-32). De taille plus ou moins variable, ils peuvent atteindre des centaines de mètres.

Ces instruments de capture sont fréquemment perdus sur les lieux de pêche aux abords des épaves et des fonds rocheux, là où la concentration de poissons est importante (protection, reproduction).
Accrochés à leur support, ces filets perdus continuent à pêcher inutilement pendant des dizaines d’années. Au delà du spectacle morbide qu’ils suscitent quand les plongeurs les découvrent, ce phénomène provoque également un étouffement des fonds réduisant la vie de l’écosystème présent.

Les filets avec maillage trop étroit

A ce stade de maturité, la valeur commerciale est dérisoire. Cette pratique de pêche est irrationnelle et ne laisse que peu de chances de survie aux alevins et juvéniles, gages de la reconstitution des stocks halieutiques déjà considérablement réduits.


Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation et notamment celle réalisée en partenariat avec le WWF ouest-africain en novembre 2003 (affiches, autocollants, tee-shirts), la pêche des alevins et des juvéniles est encore monnaie courante sur la côte.
La législation, pourtant, interdit le maillage des filets inférieur à 24 mm pour la pêche artisanale (Décret N°98-498 du 10 juin 1998 de la loi 98-32 du 4/04/98 portant code de la pêche maritime), ce qui devrait permettre aux petits poissons de s’échapper.

Néanmoins, certains pêcheurs en viennent à pêcher avec des voiles de rideaux ou des filets (senne de plage en général) dont le maillage est inférieur à 3 mm. Cette technique a pour conséquence la capture irrationnelle d’alevins dont la valeur marchande est inexistante à ce stade précoce de maturité. A cela s’ajoute une pêche non sélective provoquant un gaspillage inacceptable. Les filets ont pour effet la destruction des petits habitats sur des fonds dépassant rarement les 7 mètres.

Dans un contexte traditionnel africain particulier où le « lendemain » est une notion floue et devant la nécessité de subvenir aux besoins de chacun rapidement, la gestion durable des ressources est un concept difficile à faire apprécier.
Néanmoins, certaines communautés de pêcheurs prennent conscience des dangers de telles pratiques et commencent à s’organiser pour y faire face.

Le braconnage : Pêche à la dynamite

Bien que formellement interdite depuis 1987 au Sénégal par le Code de la Pêche (article 11 N° 87-27, 18 aout), la pêche à l’explosif (nitrate de potassium avec mèche détonante) est encore couramment pratiquée par des groupes commandos et cela plus localement dans la zone des Carrières et sur la côte Sud de la pointe des Almadies (presqu'ile de Dakar). La proximité des zones de fabrication et de vente d’explosif facilite cette détestable activité.

Les impacts dévastateurs sur la ressource et le milieu sont importants. En effet, plus de 80% des poissons tués lors de l’explosion se déposent sur le fond sans être ramassés. A cela s’ajoute la destruction physique des fonds lors de la déflagration.
Malgré le décret signé en 1987 et les nombreuses actions de surveillance, les actions ponctuelles des braconniers dynamiteurs ne sont pas totalement endiguées à ce jour.

Le braconnage : La pêche en bouteille

Bien que formellement interdite, certains braconniers pourvus de bouteilles de plongée sous-marine chassent sans vergogne.
Le plus souvent, ces derniers pillent les zones de frayère, là où le poisson regroupé en banc vient se reproduire. Cette pratique ayant pour conséquence la désorganisation du groupe, la reproduction est alors réduite.

Le braconnage : La pêche dans les zones interdites

Nous observons aussi bien trop souvent des filets placés dans des zones interdites à la pêche. Avec l'aide des autorités locales, nous relevons ces engins.

Dans un contexte où les ressources halieutiques sénégalaises ne cessent de décroitre, ce gaspillage est devenu intolérable. Le projet Narou Heuleuk initié par l’Océanium a pour objectif de créer des Aires Marines Protégées (AMP) afin de mieux gérer ces précieuses ressources.